Et ça fait plus de 34 ans que les familles des victimes du 15 octobre 1987 attendent que justice soit faite, que les restes des corps de leurs parents leur soient restitués afin d’organiser leur inhumation, et pouvoir enfin faire leur deuil.
La bonne nouvelle, c’est le délibéré de l’audience de confirmation des charges, publié le 13 avril 2021 qui confirme la mise en accusation Blaise Compaoré au grand soulagement des victimes.
Le principal inculpé qui vit en Côte d’Ivoire depuis qu’il a été chassé du pouvoir va sûrement être extradé devant le Tribunal militaire burkinabé chargé du procès.
Même si la date de ce procès tant attendu n’est pas encore fixée, l’évidence est que
la France mettra à la disposition de la justice burkinabè les archives relatives à l’assassinat de Thomas Sankara.
Arrivé au pouvoir en piétinant le cadavre de son ami Thomas Sankara, l’ex président Blaise Campaoré en aura été chassé par le peuple, ce peuple si cher, justement, au coeur du père de la révolution burkinabè Thomas Sankara.
Blaise Campaoré, marionnette exemplaire et servile de la Françafrique, tentant pitoyablement de s’accrocher jusqu’au bout, aux dernières heures de sa vie de despote, couvert du sang burkinabé, sang qu’il n’aura, au fond, jamais cessé de faire couler.
Vingt-sept années usurpées au sommet de l’état, vingt-sept années de dictature et de destruction économique du pays, années de plomb, de privation de liberté et de misère pour la population.
Et surtout aussi, vingt-sept longues années durant lesquelles la France, toutes tendances politiques confondues, aura porté à bout de bras ce triste sire, sans jamais défaillir.
Durant toutes ces années la diplomatie française aura ainsi fermé les yeux sur toutes les turpitudes du « président-dictateur ». De la misère économique imposée au pays, mis en coupe réglée, au système de corruption parmi les pires de toute la région ; de ses tripatouillages constitutionnels pour se maintenir au pouvoir aux meurtres des ses opposants politiques tel celui, emblématique, du journaliste Norbert Zongo ; de ses soutiens avérés aux milices de Charles Taylor qui sévissaient alors au Libéria et dans les régions de la Sierra Leone à sa proximité, à forte odeur de diamants, avec les mouvements rebelles en Angola…Un « président » qui, somme toute, en toute impunité, tant à l’intérieur du Fasso qu’à l’extérieur pour toute la sous-région, se conduisait en véritable voyou. Un « président-voyou » qui sera pourtant reçu à l’Elysée en 2012, par un François Hollande fraîchement élu et que, rien de tout ce que, pourtant, il savait fort bien, ne semblait gêner alors.
Compaoré, l’intouchable ami de la France répondra seul devant la justice des hommes avant de répondre devant celle de Dieu.

Romuald Boko & Francois Charles