La fougue juvénile en assomption dans le sport béninois draine une lueur d’espoir. Dans l’univers des Arts Martiaux, elles sont trois étincelles du moment à volcaniser le Taekwondo féminin béninois. Prémya Zunalia WANKOU, Bouama Colette NATCHIMDJABO et Gloria KITON, toutes formées à l’Académie des Arts Martiaux Okinawa Ryu du Bénin, font la sensation du Taekwondo féminin béninois.

Depuis 2014, les trois adolescentes de l’art martial Sud Coréen, se partagent les distinctions les plus valeureuses lors des différentes compétitions nationales, chacune dans sa catégorie, et s’illustrent merveilleusement bien dans les compétitions régionales et mêmes internationales. En effet, le challenge est bien spectaculaire entre les trois jeunes athlètes taekwondoïstes internationales béninoises. Au terme des différentes compétitions nationales depuis 2014, la triplette championne d’Okinawa Ryu du Bénin, Prémya — Bouama – Gloria, formée et aiguisée par Maître Éric Minakpon TOSSOU entraîneur national des équipes juniors et seniors de Taekwondo, Assistant du grand maître Pierre OGOUDJOBI, s’accapare des meilleures places sur les podiums de compétitions. Sur le tatami, c’est la rage de vaincre, le vrai combat, sinon le spectacle est simplement palpitant, alléchant voire époustouflant. « Les filles ? Je les ai eu en 2013. Elles ont démarré les entraînements avec moi, toutes jeunes entre 10 et 11 ans. Gloria et Bouama faisaient du Karaté avec leur Papa qui a souhaité que je les entraîne en Taekwondo. C’est comme ça que j’ai démarré les cours avec elles. Après un an d’entraînement, on a participé pour la première fois, en 2014 à la coupe du grand maître OGOUDJOBI. C’est là qu’elles se sont vraiment révélées. Depuis 2018, elles ont maintenu le cap et là maintenant, on travaille pour les olympiades de 2024 (…) », relate maître Éric Minankpon TOSSOU, President de l’Académie des Arts Martiaux Okinawa Ryu et entraîneur national des équipes juniors et seniors de Taekwondo du Bénin.

Prémya Zunalia WANKOU : « L’objectif n’est pas encore atteint ! »

L’an 2002, le 06 décembre à Togoudo, naquit Prémya Zunalia WANKOU, l’une des vraies valeurs du Taekwondo féminin béninois. Son amour pour l’art martial Sud Coréen n’est qu’héréditaire. La tante Aubierge WANKOU, une référence du Taekwondo féminin béninois avec un parcours impressionnant a suscité l’envie et réveillé le génie de sa fille Prémya Zunalia WANKOU. Aussi, « mon père (Rémy WANKOU) qui s’y connait un peu dans les arts martiaux, nous réunissait tous petits, mes frères et moi au dehors ; on s’entraînait en faisant des mouvements de bases et un peu de tout », se rappelle la jeune athlète taekwondoïste internationale béninoise, Ceinture Noire 1ère DAN FBTAE. Dès lors, de l’extase pour la concrétisation du rêve, Prémya WANKOU va à la quête d’une pépinière pour peaufiner son talent athlétique. Elle fit alors la connaissance de sa camarade de classe d’alors, et coéquipière aujourd’hui, Gloria KITON qui pratiquait déjà le Taekwondo. « C’est ainsi que grâce à elle, j’ai pris les renseignements et tout, et j’en ai parlé à mon père. Sans hésiter, ce dernier a accepté et voulu que mes frères s’inscrivent aussi avec le temps.
Mais je m’étais inscrite au tout début en Karaté Do, ignorant la différence entre celui-ci et le Taekwondo », infirme Prémya.
Nulle ne peut changer le destin, dit-on, voilà Prémya WANKOU miraculeusement devenue Taekwondoïste par incidence. « Ma première séance en Karaté Do, l’entraîneur n’était pas là, et c’est mon coach actuel de Taekwondo, Maître Éric TOSSOU qui était venu le remplacer ce jour. L’entraînement s’était bien passé et à la fin, il s’est présenté à moi en tant que maître de Taekwondo. Il me propose de venir les voir lors de leur cours de taekwondo au cas où ça me plairait de changer. Ce que j’ai fait, et j’ai aimé le cours… C’est ainsi qu’à l’entraînement suivant, j’ai changé et je suis allée m’inscrire dans le Taekwondo, puis jamais repartie en Karaté Do ».
À l’aise dans son nouvel art, la petite Prémya d’alors, impressionne plus d’un, dans l’exécution des mouvements techniques, qui n’étaient pour elle, une répétition en réalité, puisqu’elle les auraient déjà étudiés avec son père. D’un autre côté aussi, « j’ai aimé rester dans cette discipline et y faire carrière car côté compétition, je trouvais le jeu très free. J’aime beaucoup frapper avec le point et par les pieds. Donc je me voyais un peu dans mon domaine (rire) ». Chose foudroyante, Prémya Zunalia WANKOU fut distinguée pour sa première compétition en Taekwondo. C’était « le trophée du grand maître Pierre OGOUDJOBI en 2014 » où elle termine championne. Et, ce n’est que le début des grandes conquêtes nationales, régionales et même internationales comme perspectives.
Sur la scène nationale, Prémya Zunalia WANKOU a déjà raflé une coupe, un trophée et une pléthore de médailles dont 10 en Or, 02 en argent et 02 bronzées. Sa première sortie en Afrique est teintée d’une médaille d’Or à la compétition de la Fédération Togolaise de Taekwondo en novembre 2019, dans la catégorie des -57Kg. Elle enchaîne dans la même année avec la Coupe de l’Ambassadeur de la Corée au Ghana où elle s’adjuge la même distinction et porte le Bénin à la cime des mérites en Afrique. Sa participation figurante à la Coupe Alfaga au Niger, toujours en 2019, séduit tous les cœurs amoureux de l’art martial Taekwondo. Médaillée d’Or à la 2é édition du Tournoi Okinawa Ryu en février 2020, Prémya Zunalia WANKOU à l’instar du monde sportif se voit contraindre à une trêve imposée par la pandémie de Covid-19.

Insatiable, Prémya WANKOU n’est pas encore à sa fin, ni au sommet de son art. « L’objectif n’est pas encore atteint ! Il reste encore beaucoup de travail, sur beaucoup de plans. Certes, le Taekwondo a beaucoup agit dans ma vie et fait de moi ce que je suis. Il a façonné encore plus mon mental; mais il reste encore beaucoup de choses…», confie-t-elle.

Néanmoins, la pierre précieuse du Taekwondo féminin béninois garde un meilleur souvenir de son parcours d’athlète taekwondoïste. « C’était au Ghana, commence-t-elle, lors de ma participation à la compétition de l’Ambassadeur de la Corée à Accra. J’ai eu à fêter mon anniversaire le lendemain de ma victoire contre la championne du Ghana en -57kg et la remise des prix suivie d’une petite sortie en mon honneur avec l’équipe sur place, Et surtout, mon coach maître Éric TOSSOU qui a assuré toute la soirée. Ça m’a fait hyper plaisir car non seulement je savais que j’ai eu à évaluer mon vrai niveau grâce au dernier combat avec la championne mais la fête d’anniversaire en mon honneur m’a fait sentir en famille et bien malgré la distance qui me séparait de mon pays et de ma vraie famille en ce jour, (…) », raconte-elle.

Bouama NATCHIMDJABO : « Pour l’instant, toute ma vie c’est le taekwondo ».

Le quinze janvier 2002 à Tanougon, est née Bouama Colette NATCHIMDJABO. Passionnée des arts martiaux, elle s’installe définitivement en Taekwondo depuis 2014 et ne cesse de faire une forte percée. Jeune, dynamique, rigoureuse et ambitieuse, l’athlète taekwondoïste internationale béninoise, Bouama Colette NATCHIMDJABO est aujourd’hui titulaire d’une ceinture noire 2ème DAN FBTAE. « Avant de venir au taekwondo, je faisais déjà du Karaté Do et les élèves du taekwondo venaient s’entraîner à la maison. Je les voyais travailler et ce qu’ils faisaient m’intéressait bien. Donc un jour papa nous a demandés si on allait commencer à faire ça aussi. Nous avons dit « OUI », et c’est comme ça que ma sœur et moi avions commencé à suivre les cours de taekwondo du maître Éric Minankpon TOSSOU », raconte Bouama.

La facilité, ou du moins, la souplesse dans les mouvements, et la pérennisation des compétitions de Taekwondo au plan national, constituent les motivations de la jeune athlète taekwondoïste internationale béninoise. Aussi, l’exécution des katars en Karaté Do n’était-elle pas chose aisée pour Bouama. « Je trouvais que le Karaté était dur; je veux parler de la façon d’exécuter les techniques et de faire les katars. En plus, il n’y avait pas trop de compétitions en karaté en ce temps là. Et moi je voulais compétir », confesse-t-elle. Dès lors, sa soif à compétir est comblée avec des compétitions à répétition exponentielle. « Oh oui ! Il y avait beaucoup de compétitions en Taekwondo avec d’autres clubs. Des compétions nationales et des compétitions pour détecter les jeunes talents. Oui, j’étais vraiment comblée », témoigne Bouama.
Née avec la rage de vaincre, elle a raflé déjà une Kyrielle de titres au plan national. Alors qu’elle avait seulement 12 ans, la jeune Bouama était vice championne au tournoi national des jeunes talents dans la catégorie des moins de 63k en 2014. En 2015, elle termine également vice championne du centre Aéré Joal dans la catégorie des 57Kg. Dans la catégorie des moins de 63Kg en 2016, Bouama Colette NATCHIMDJABO est troisième de la 11e édition de l’Open des Jeunes Talents. Elle est également troisième à la 1ère édition de l’Open Dream Benjamin John dans la catégorie des 67Kg. C’était en décembre 2017. Il faut être patient et endurent comme Bouama Colette NATCHIMDJABO pour être distingué au premier rang, 4 ans après son entrée en Taekwondo. Remplie de force et de courage, l’athlète taekwondoïste internationale béninoise, Bouama Colette NATCHIMDJABO est distinguée Championne pour la toute première fois de sa carrière sportive en 2018, lors du championnat national de Taekwondo. En cette même année (2018), elle est sacrée vainqueure de la Coupe du Bénin et Championne de la premiere édition de TKDS à Porto-Novo dans la catégorie des 63Kg.

Rigoureuse, disciplinée, et surtout après des performances euphoriques durant la saison sportive 2018 – 2019, Bouama décroche sa première expédition internationale. C’était en France en novembre 2019, pour le compte de l’Open de Paris où elle termine quart de finaliste dans sa catégorie. Une expédition internationale à souvenir mémorable. « J’ai été sélectionnée parce que j’étais toujours aux entraînements que ce soit en club ou en l’équipe nationale. Ma santé était aussi au beau fixe (…). Donc au vu de tout ça on m’a sélectionnée à la place de Prémya. Je devais compétir dans les -62Kg. Mais malheureusement je suis tombée malade. Eh oui, je suis tombée malade deux semaines avant la compétition. J’ai perdu beaucoup de poids. Je me suis retrouvée en -59Kg. Mais je m’étais déjà inscrite. On a fait une semaine de mise au vert avant de partir. Arrivé là-bas, ah vraiment c’était pas la joie. Il faisait frais partout. On avait vraiment froid. Et s’entraîner dans cette fraîcheur là, ce n’était pas facile. Néanmoins on l’a fait. Même si on a pas sorti une seule goutte de sueur (rire). Le jour de la compétition tous mes collègues sont passés avant moi. Nous étions quatre athlètes béninois dont trois ont quitté le Bénin le quatrième a quitté l’Allemagne (Jéhudiel KIKI). Ils ont tapé mes trois amis coéquipiers béninois. Il ne restait plus que moi. J’étais la seule qui pouvait encore sauver le groupe en décrochant une médaille; aucune pression évidemment. Je n’avais jamais été autant stressée dans ma vie. Et je n’avais jamais voulu tant gagner que ce jour là. Mais hélas, je n’étais pas assez préparée. Je ne savais même pas où taper dans le plastron électronique. Et la fille que j’avais comme adversaire était vraiment plus présente que moi et je suppose qu’elle avait plus d’expérience également. Toujours est-il qu’elle m’a battu et correctement même (rire). Et je suis rentrée sans médaille ». Une belle expérience, nul doute.

Cependant, son meilleur souvenir dans le monde de l’art martial reste ici au Bénin. « C’était en 2019, au cours d’une compétition au Hall des Arts de Cotonou. Il y avait une athlète Nigériane qui était de passage au Bénin et un club de la Ligue Ouémé- Plateau l’a prise comme une de leurs athlètes. Donc elle devait compétir au championnat national de 2019. Elle était bien corpulente et avait même teinté ses cheveux en rose. Tout le monde me disait qu’elle allait me taper, que c’était une championne dans son pays. Mais quand je suis montée sur le tatami et qu’au final je l’ai battue malgré sa taille et sa corpulence, j’ai compris que si je veux rien ne peut m’arrêter », confirme Bouama Colette NATCHIMDJABO. L’objectif qui constitue en même temps son plus grand défi, « c’est d’être médaillée d’or aux jeux olympiques. Le Bénin n’a pas encore eu cette chance en taekwondo. J’aimerais beaucoup faire l’exception. Mais en attendant je veux déjà être distinguée en Afrique… Pour l’instant, toute ma vie c’est le Taekwondo. J’enseigne aux enfants dans une école également », précise-t-elle. Dans sa reconversion professionnelle, elle pense devenir arbitre internationale de Taekwondo, et pourquoi, pas devenir coach sportive pour les jeunes filles et les femmes.

Gloria KITON : « Je dirai plutôt que c’est le taekwondo qui m’a choisi… »

Né le 07 juillet 1999 à Bantè, Gloria KITON
fait irruption dans le monde des Arts Martiaux en 2013. Son amour pour le Taekwondo est né lors d’une séance d’échanges avec les pratiquants de divers arts martiaux. Pendant ce temps, la jeune athlète s’essayait au Wushu et au Karaté Do. Curieuse d’essayer un nouvel art, Gloria KITON fut définitivement adoptée par le Taekwondo, qu’elle découvrit pour sa première fois. Ainsi, « rapidement, j’y ai trouvé ma place », témoigne la reine du Poomsae au Bénin. Très à l’aise dans l’exécution des techniques de son nouvel art, Gloria KITON décroche sa première consécration en Taekwondo en 2014, au terme de la Coupe des Jeunes Talents organisée par le grand Maître Pierre OGOUDJOBI. Sa prestation haut de gamme à cette compétition lui a valu sa première sélection pour participer à une compétition d’envergure internationale en Corée du Sud. C’était le Festival Mondial de Taekwondo en août 2015 à Séoul. Malheureusement, elle n’a pu y participer pour des raisons de tracasseries administratives. Ainsi commence les grandes conquêtes nationales et régionales. D’où elle déclare : « Il m’a ouvert des portes. J’estime que c’est le taekwondo qui m’a choisi car je m’essayais aux autres arts. Mais, je n’ai pas eu de résultats aussi rapidement ». Pratiquante de l’art martial Taekwondo depuis 2014, Gloria KITON en tire plusieurs avantages, surtout sur le plan physique et social. « Le taekwondo a fait de moi une personne plus calme, car j’étais assez agitée. Ça m’a permis de travailler mon corps, mon physique puisque je suis une personne qui aime beaucoup tout ce qui est l’expression corporelle. Le taekwondo m’a également permis de connaître du monde, de voyager et de m’insérer plus facilement dans la vie sociale. Ça m’a aidé aussi à avoir confiance en mes capacités », témoigne la star béninoise de Poomsae.
Son meilleur souvenir dans sa carrière professionnelle reste la Coupe du Monde Francophone au Maroc, où elle s’est illustrée merveilleusement bien avec la médaille de bronze. « C était ma première sortie à l’internationale. Mes coéquipiers et moi, pour le séjour, étions logés dans un super hôtel à Layoun, restauration y comprise; je souligne que nous avons bien mangé et les mets étaient assez diversifiés (rire). La compétition avait duré deux (02) jours et notre équipe s’était assez bien démarquée des autres. Je voyais un autre aspect de l’art même. Pour moi, c’était ouff ! Nous avons eu la chance après de visiter les lieux de la ville. Le paysage était vraiment beau; je voyais le désert pour la première fois. Mes coéquipiers étaient sympathiques. Nous étions dans un bel esprit de fraternité. Notre séjour, de cinq jours, fut en somme après le travail, assez reposant et mémorable », confie Gloria KITON, athlète taekwondoïste internationale béninoise. Chose furieuse et inattendue, Gloria KITON abandonne le Taekwondo, deux (02) ans durant. « J’avais arrêté de 2018 à 2020, car j’étais découragée. Après une compétition au Gabon, je me suis rendue compte que j’étais loin de la réalité. J’avais peur de ne pas y arriver. Je voulais fuir la pression des compétitions. J’avais totalement perdue l’assurance en moi. Je me remets peu à peu de mes peurs. À présent, je cherche à repousser mes limites », explique-t-elle. Pour son feedback, Gloria KITON décroche la médaille d’or à la compétition virtuelle de Poomsae, organisée par la Fédération Béninoise de Taekwondo.

Dorénavant, se « faire connaître davantage par le Taekwondo ; monter sur le podium lors des championnats internationaux ; faire du Bénin et de l’Académie des Arts Martiaux Okinawa Ryu (son centre formateur) une référence dans la pratique du Taekwondo, et puis participer aux Jeux Olympiques de 2024 », tels sont les plus chers objectifs de Gloria KITON. Pour sa reconversion professionnelle, Gloria songe initier au profit des jeunes filles, le « Taekwondance », une pratique du Taekwondo rythmée aux belles sonorités musicales, tout comme du « Fitness ».

Enfin, les exploits de l’ancienne multi-championne béninoise en Taekwondo, Déo-Gratias KIKI, chancelière de l’ordre du mérite, restent une référence et constituent également une source de motivation pour la triplette championne d’Okinawa Ryu du Bénin, Prémya – Bouama – Gloria.

Koffi Albert ADANDJI