Le bruit courrait depuis le mois de mars 2021 dans les couloirs de la présidence togolaise, le président togolais Faure Gnassingbé devrait effectuer une visite d’amitié et de travail à Paris courant avril 2021. Un déplacement du Chef de l’Etat togolais qui répond à l’invitation à lui adressée par son homologue français Emmanuel Macron, le Président de la République française. La rencontre s’inscrit dans le cadre du renforcement de la coopération, du partenariat et de l’amitié entre le Togo et la France.
Emmanuel Macron a reçu donc le vendredi 09 avril 2021 pour un déjeuner de travail le président togolais Faure Gnassingbé, qui effectue sa première visite en France depuis sa réélection pour un quatrième mandat en 2020. D’après un communiqué de la présidence de la République togolaise, les deux hautes personnalités ont eu des entretiens sur de nombreux sujets d’intérêt commun, de développement, de la crise sanitaire liée au covid-19, de la sécurité dans la sous-région et d’autres activités de premier ordre. Les deux chefs d’Etat ont abordé aussi l’initiative « Talents en commun », qui vise à « permettre à des personnes de la diaspora de mettre leur expertise au profit de l’administration d’un pays africain », précise un communiqué de l’Elysée.

SECURITE AU SAHEL : PREOCCUPATION MAJEURE DES DEUX PRESIDENTS
Faure Gnassingbé et Emmanuel Macron se sont penchés sur la question sécuritaire dans la zone sahélienne qui est en proie à des conflits menés par des myriades de groupes armés, notamment jihadistes contre lesquels la France déploie une force antiterroriste de plus de 5.000 hommes. « Concernant la situation régionale et la violence dans la région du Sahel, j’ai exprimé au président Macron mon engagement total pour contribuer au rétablissement de la paix et de la sécurité dans toute la sous-région, en rappelant notamment la présence de 1.100 militaires togolais au sein de la Minusma, la mission de l’ONU au Mali », a déclaré M. Gnassingbé dans un communiqué de la présidence togolaise.
Outre sa contribution importante à la Minusma, le Togo ne ménage pas ses efforts diplomatiques pour soutenir la transition malienne. À Lomé s’est tenue le 8 mars la 2e réunion du groupe de suivi et de soutien à la transition au Mali et la feuille de route vers les élections. Particulièrement actif dans la lutte pour la sécurité dans le Sahel, le pays siège aussi au conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine et participe à l’Initiative d’Accra.
Sur le plan intérieur, Un Comité interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent (CIPLEV) mis en place en 2019 est ainsi décliné en comités locaux et a pour mission d’anticiper les difficultés notamment dans les zones à risques et de mieux définir les besoins des populations locales, notamment pour l’accès aux services de base.
COOPERATION ECONOMIQUE BILATERALE : LE TOGO RESPIRE MALGRE TOUT
À l’occasion de cette visite officielle, une vingtaine de rendez-vous ont été organisés. Les discussions ont porté sur les projets emblématiques du Togo, comme l’énergie, l’extension du réseau électrique, mais aussi la digitalisation et l’agriculture qui a un fort potentiel.
Le président togolais s’est entretenu avec plusieurs dirigeants de groupes français, dans le domaine de l’énergie (Vinci Énergie), de l’eau, du numérique et des infrastructures (Sogea Satom). Il a reçu les représentants du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) et le président de la Banque publique d’investissement (BPI), Nicolas Dufourcq. Parallèlement, une délégation emmenée par le ministre togolais de l’Économie et des Finances, Sani Yaya, a été reçue au Mouvement des entreprises de France (Medef) par son vice-président, Fabrice Le Saché, et par Momar Nguer, président du comité Afrique de l’organisation patronale française. Enfin, le chef de l’État togolais a également été reçu au Sénat par Gérard Larcher, le président de la chambre haute, et s’est entretenu avec le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
DES ACCORDS DE PARTENARIAT BENEFIQUES POUR LE TOGO
Au Togo, la lutte contre la précarité énergétique constitue un levier de développement prioritaire du gouvernement que le groupe AFD est fier de soutenir au service des populations et des acteurs économiques. Conçu dans le cadre d’un effort européen, avec le cofinancement de l’Union européenne et de la KfW, le projet PERECUT. Cette convention va contribuer à réduire les déséquilibres territoriaux par l’extension du réseau électrique de plus de 50 centres urbains, en particulier dans le nord du pays.
Deux accords ont été signés à cet effet dans le domaine de l’énergie. Le premier, en cours de finalisation, porte sur le déploiement de lampadaires solaires par la société Sunna Design. Le second accord finance l’extension et le renforcement du réseau électrique dans les centres urbains, avec une convention de prêt de 40 millions d’euros avec l’Agence française du développement (AFD).  Deux autres subventions de 15 millions d’euros chacune, l’une de la KfW et l’autre de l’Union européenne devrait être bientôt signée. Ce financement vise à l’électrification de 53 centres urbains au Togo, dans le cadre du projet PERECUT. Ce projet, qui est dans la phase de mobilisation des financements, a pour ambition de favoriser l’accès à l’électricité à plus de 100 000 ménages, soit de plus de 500 000 personnes.
Enfin, une convention de partenariat a été signée avec Expertise France pour la mise en œuvre du programme « Talents en commun » visant à mobiliser les compétences de la diaspora pour un accompagnement sur les métiers du digital.
DES PERFORMANCES ECONOMIQUES MALGRE LA RESILIENCE LIEE A LA COVID 19
Du point de vue économique interne, la bonne résilience face au choc de la pandémie du Covid a permis au pays d’enregistrer une croissance de 1,8 % en 2020, laquelle devrait s’accélérer en 2021. Ces deux dernières années, les réformes engagées ont permis au pays de gagner 59 places dans le classement Doing Business de la Banque mondiale et font du Togo, un des premiers réformateurs sur le continent. Très engagé dans la numérisation et la transformation digitale, le Togo s’est fixé pour objectif de dématérialiser 75 % des procédures d’ici à 2025.
Parmi les réussites à l’actif du pays, le programme Novissi, appuyé par l’AFD, a permis de soutenir les personnes les plus vulnérables pendant la crise du Covid. Les bénéficiaires ont pu recevoir un revenu de compensation via des transferts monétaires par « mobile money ».
D’autres discussions se poursuivent avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pour mobiliser de nouveaux financements afin de soutenir la stratégie nationale de développement déroulée dans la « feuille de route gouvernementale Togo 2025 », adoptée en octobre 2020. L’économie togolaise affiche ainsi une forte résistance au choc COVID et une résilience propre à accélérer la relance post-pandémie ».
Rappelons que la dernière réélection de Faure Gnassingbé, en 2020 pour un quatrième mandat, a été acquise après un amendement de la Constitution qui lui a permis d’être de nouveau candidat. En décembre dernier, Amnesty international avait dénoncé la « répression croissante des voix dissidentes par les autorités togolaises », à la suite de l’arrestation de deux représentants d’un important mouvement de l’opposition qui continue de mettre en cause les résultats de la présidentielle de l’an dernier.

Armel Kwassi Johnson