Les ministres des 164 pays membres  de l’OMC se sont réunis ce mardi à Genève sur le projet d’accord de subvention favorisant la surpêche.

C’est un moment crucial pour revoir les accords de subvention régissant la surpêche. A cette rencontre, les argumentaires étaient variés mais pour une bonne cause. Dans son intervention, le ministre indien du commerce piyush Goyal fait savoir que « La période de transition de 25 ans demandée par l’Inde n’est pas conçue  comme une dérogation permanente, elle est indispensable pour nous et pour d’autres pays qui comme nous pêchent dans des eaux proches des côtes ». Il renchérit en faisant savoir que « Si la période de transition de 25 ans n’est pas acceptée, il nous sera impossible de finaliser les négociations ». Aussi a-t-il souligné que les subventions accordées par l’inde à ses pécheurs étaient « parmi les plus faibles au monde » avant  d’affirmer que « le projet d’accord sur la table reflétait avant tout la préoccupation d’un petit nombre de pêcheurs qui surexploite les ressources halieutiques. C’est totalement inacceptable ! Et c’est la raison pour laquelle l’inde s’oppose au texte actuel ».

D’autres sujets comme la sécurité alimentaire, la levée des brevets sur les vaccins contre le covid ont été abordés. Mais il faut dire qu’au cours de ces échanges, l’intransigeance indienne, soulignée par de nombreux diplomates, pourrait faire échouer plusieurs dossiers.

La directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-iweala, a fait part de son opposition à ce que les ministres fassent du marchandage entre les différents sujets, en lâchant un peu de lest sur la pêche en échange de quelque chose sur l’agriculture par exemple, un thème cher à l’inde qui réclame un accord permanent sur la détention de stocks publics à des fins de sécurité alimentaire.

Les négociations sur la pêche-lancées depuis plus de 20 ans s’inscrivent dans les objectifs du millénaire des Nations Unies, avec pour objectifs notamment d’interdire certaines formes de subventions qui peuvent encourager la surpêche ou les prélèvements illégaux. Mais des divergences persistent en particulier sur le traitement des pays en développement.

Madame Okonjo-Iweala, qui a fait de cet accord une priorité, a proposé mardi la création d’un fonds de soutien de 20 millions de dollars, pour aider les pêcheurs des pays en développement à se tourner vers une pêche plus durable.

Il est important de rappeler que les subventions mondiales de la pêche s’élevaient à 35,4 milliards de dollars en 2018, dont 22 milliards considérés comme responsables de l’augmentation de la capacité des flottes de pêche.

Selon l’AFP cité par Rémi Parmentier, du groupe de consultants Varda spécialisé dans les questions environnementales, ‘’Avec un accord sur la pêche, les pays pourraient économiser 22 milliards, et les utiliser à bon escient’’. Ceci dira-t-il dans le but de soutenir la pêche artisanale. Des progrès ont été faits ces derniers mois sur des contentieux qui paraissaient jusque-là insurmontables. L’idée que les querelles d’appartenance territoriale nombreuses et ultra-sensibles se traitent à l’Omc a été écartée.

Des avancées ont été notées dans la définition du mécanisme de traitement préférentiel réservé aux pays en développement, mais l’inde réclame depuis des mois une période d’exemption de 25 ans. Ce que beaucoup ne partagent pas. Estimant cette période trop long, ceux-ci misent plutôt sur 2030.

L’un des sujets en suspens concerne les subventions aux pêches de flotte lointaines. Les pays doivent aussi s’entendre sur la zone concernée par la pêche artisanale. Le projet d’accord suggère une limite de 12 milles ou 24 milles marins, mais certains voudraient une zone de 200 miles.

Par Yasmine Gounongbé